La brume se lève enfin et nous dévoile un décor spectaculaire…
L’air salin frissonne à la rencontre des eaux du fjord et du fleuve qui s’entrecroisent…
Majestueux cours d’eau parsemé d’îles, le Saint-Laurent voit ses côtes se profiler en falaises abruptes. Ses rives et ses fosses profondes abritent une vie marine diversifiée, foisonnante et mystérieuse…
Il nous enivre de ses mille scénarios imprévisibles.
D’une sérénité sournoise, sa parure miroite quelques sillons annonçant l’entrée en scène de l’acteur principal : le béluga…
Je le vois en rêve valser sur une douce mélodie…
Il m’observe du coin de l’œil, curieux, gracieux et intrépide…
Je le cherche…
Serait-il caché sur la « Route des baleines »…
Chaque printemps, des centaines de baleines de douze espèces différentes tournent le dos à l’Océan Atlantique pour migrer le long de la côte. Elles se dispersent dans le golfe du Saint-Laurent pour emprunter la véritable « Route des baleines »…
Dès le mois de mai, selon les courants, les marées et le relief sous-marin, les baleines bleues, baleines à bosse et rorquals, rejoignent leurs petits cousins, plus sédentaires, phoques et bélugas, qui hivernent dans le Saint-Laurent…
Paradis du plancton, dont les baleines se délectent fièrement, la Côte-Nord est sans doute l’endroit rêvé pour les observer du littoral…
Le saut d’une baleine bleue, son souffle nous captive…
Depuis toujours, les baleines fascinent l’homme : d’un simple moyen de survie, elles sont devenues l’appât d’une industrie colossale à partir du XIIe siècle…
Véritable aubaine pour les colons Basques, l’huile extraite des baleines était utilisée pour leur cuisine, essentiellement composée de fritures… mais les baleines servaient aussi à produire bien d’autres dérivés : savon, lubrifiant, graisse d’éclairage, ivoire, cuir…
Les premières excursions aux baleines ont débuté à Tadoussac, point de départ de la « Route des baleines », il y a plus de vingt ans…
A bord de sa vieille chaloupe, un pêcheur créait l’émerveillement à chacune de ses promenades sur le fleuve, encore peu habitué à recevoir les touristes, tombés sous le charme de ces créatures mystérieuses… Mais son embarcation en bois n’a pas pu résister à l’affût d’une vague de curieux….
Quelques années plus tard, les Zodiac apparaissent et une compagnie propose à son tour de nombreuses « croisières aux baleines » sur le fleuve…
Ces expéditions touristiques rapportent aujourd’hui des marées de dollars aux diverses compagnies de Tadoussac et suffiraient à faire vivre ce village de pêcheurs…
Mais ces croisières commerciales suscitent aujourd’hui des conséquences écologiques inquiétantes : la présence des bateaux menace de plus en plus l’évolution des baleines simplement venues constituer leurs réserves de graisse pour passer l’hiver…
Malgré un règlement plus sérieux, la navigation est libre sur le Saint-Laurent et le trafic reste toujours difficile à réguler…
Les navires devraient légalement demeurer à 400 mètres des baleines en danger de disparition et à 200 mètres des autres mammifères marins…
Principale espèce en voie de disparition, la population de bélugas du Saint-Laurent a été fortement réduite depuis quelques années par toutes ces activités humaines…
Sensibilisée aux sons peu familiers et attirée par l’éclat de l’or blanc, rare et précieux, j’ai soudain la sensation étrange d’approcher peu à peu de mon trésor…
Un sifflement semblable au cri du canari m’invite à pénétrer dans le royaume d’un cétacé odontocète originaire des régions polaires, communément appelé « baleine blanche » ou « dauphin blanc », et voisin du narval.
Accompagnée par cette mélodie harmonieuse, je le suis dans son univers sous-marin, intimidée et troublée par ses jeux d’eaux et de lumière qui illuminent les profondeurs glaciales…
Il m’invite à danser dans sa bulle bleue, à une dégustation de crustacés, seiches et poissons plats… ses amis se joignent à nous, me protégeant de leurs ennemis redoutables, l’orque et l’homme !…
Partis à notre rencontre, ils auraient ainsi remonté le fleuve jusqu’à nous… Le plafond transparent nous relie déjà à la vie terrestre… et j’éprouve cette sensation merveilleuse d’une découverte historique… Mon trésor ! un petit béluga d’une valeur inestimable…
Une belle histoire d’amour est née…
Berceau de la Nouvelle-France, Tadoussac retrace 400 ans d’histoire, à travers ses maisons pittoresques qui constituent la richesse du village…
La première maison en bois du Canada servait aussi de premier comptoir à fourrures…
Classée monument historique,
La Chapelle des Indiens,
la plus vieille chapelle en bois d’Amérique du Nord…
La Route des baleines impériales nous mène discrètement vers un petit havre de pêche paisible, Essipit ou la « rivière aux coquillages » qui évoque en nous le monde poétique des pêcheurs Montagnais…
Face au port de Baie-Comeau, nous flairons déjà un air de Gaspésie…
Sur la traversée qui nous relie de l’autre côté du Saint-Laurent…
les décors tanguent au vent, l’air marin caresse notre imagination d’un rythme langoureux, les mouettes chahutent dans les vagues…
Un paysage exceptionnel et une histoire humaine captivante nous attendent…